Il y a 150 ans naissait Louis Vierne

Il y a 150 ans naissait Louis Vierne

Le 2 juin 1937, Louis Vierne donne à Notre-Dame de Paris, sur l’orgue dont il est le titulaire depuis trente-sept ans, son 1750ème récital. Le programme achevé, le musicien s’apprête à improviser mais une seule note grave retentit dans l’édifice : Louis Vierne, terrassé par une crise cardiaque, vient de s’écrouler sur son instrument.

Louis Vierne est une des grandes figures de la musique française pour orgue. Né presque aveugle le 8 octobre 1870 à Poitiers, il est poussé vers la musique par son oncle, Grand Prix de Rome, qui lui fait apprendre le piano. A onze ans, il entre à l’Institut National des Jeunes Aveugles où il perfectionne l’étude du piano et commence celle du violon. Neuf ans plus tard, il obtient un Premier Prix de piano et un Premier Prix de violon. Dans le jury, César Franck, en admiration devant les dons de l’adolescent, décide de le prendre sous son aile. Vierne entre alors au Conservatoire de Paris où un 1er Prix d’orgue et d’improvisation à l’unanimité lui est décerné en 1894. Assistant de Charles-Marie Widor à l’église Saint-Sulpice, il est nommé en 1900 titulaire des grandes orgues de Notre-Dame de Paris. Ses premières compositions lui valent l’admiration du monde musical.

La Première Guerre mondiale éclate et lui ravit d’abord son jeune frère René. Mais la mort de son fils en 1917, dont il avait fini par autoriser à contrecœur l’engagement, le plonge dans une détresse dont il ne se remettra jamais. Alors qu’il était parti en Suisse pour des concerts peu avant la fin du conflit, il tombe malade et ne rentre à Paris qu’en 1920 sans logement et sans argent. La sœur et la nièce du poète Jean Richepin lui viennent en aide. Sa renommée ne fait alors que croître et au cours de dix-sept années qui lui restent à vivre, les élèves se pressent à ses cours et le monde entier l’invite pour des récitals d’orgue. 

Son œuvre pour orgue seul se compose de six symphonies et de nombreuses pièces (Pièces en style libre, Pièces de fantaisie, Triptyque…), et sa musique de chambre comprend deux chefs d’œuvre : une splendide sonate pour violoncelle et piano composée en 1910, et un quintette avec piano écrit en 1918 et dédié à son fils mort à la guerre.

Frédéric Boucher, pour le bulletin de l’AMAH, octobre 2020